Les chants, les contes, les fables des chasseurs, les légendes… ont bercé ma tendre enfance et fasciné mon esprit ; ces genres oraux m’ont permis de rêver d’être un conteur très tôt. C’est dans cette ambiance d’éducation traditionnelle que mon père m’a scolarisé. A l’école, mon goût de l’art intervient dès le début de mon cursus. Ce goût n’était plus seulement maintenant l’ART de la PAROLE, mais l’art en général. Mais dans quel art, pouvais-je déployer mon imaginaire, mes émotions ? Comme à l’école primaire, je dessinais bien, je me hasardais à faire des tableaux de peintre, sans me rendre compte que j’étais déjà dans la créativité artistique. Un jour, je réalise Mami Wata, une image fantastique, que les contemplateurs demandent de multiplier pour l’acheter et en embellir leur chambre.
Je trouvais déjà à travers mon imagination créative le prix du bonbon et "une aura" auprès des gens.
Plus tard, quand j’ai analysé en profondeur les œuvres orales d’El Hadj Oumar Camara dit Morifindjan Diabaté, de Sara de Kankan, d’Adama Diabaté et surtout les fables d’un séréwa (griots des chasseurs) de notre contrée du nom de Mansaba Mady Dansoko, j’ai été séduit par leurs styles oratoires divers et variés. Je voulais m’aventurer dans ce domaine de la musique folklorique, mais deux réalités me contraignaient : l’école et mon état de noble du Mandingue. Car le griotisme était, disons, reste réservé encore à des castes bien définies. La seule porte de sortie qui m’était ouverte était de faire le séréwa comme mon oncle Mansaba Mady. Car les nobles ont été toujours autorisés de faire cet art musical sans reproche. Mais j’ai décidé de poursuivre mon cursus scolaire. J’étais bien en français.
Au secondaire, je découvre les textes des écrivains dans les livres. Leurs textes m’envoient des signaux qui me disent que je peux aussi faire comme eux. Ayant déjà un répertoire oral dense, je commence à griffonner des petits poèmes, des récits courts et à les distribuer aux amis qui appréciaient. C’est ainsi que j’ai entrepris d’écrire mon premier livre, même si l’édition à l’époque dans le pays n’était pas évidente. Paff !!! J’ai le bac, je suis orienté en Langue Française, c’était comme le to, tombé dans une sauce gluante, il ne me restait qu’à avaler. Je me suis perfectionné davantage en français et je publie mon premier roman.
Mais c’est en réalisant mon deuxième livre que je ferai la rencontre d’une dame pétrie d’expériences, Mme Marie Paule Huet, qui me découvrira l’univers de la littérature de jeunesse. Et je signe mon premier roman ado, M’Balia ou l’argile blanche de la mine, qui remportera le "Prix du Livre Guinéen" moins d’un an après sa publication.
De ce qui précède, je peux dire que mes œuvres littéraires combinent le style oratoire des paroliers traditionnels et celui de l’écriture respectueuse des règles de la langue. Cette combinaison me permet de trouver des tournures captivantes pour émerveiller le lecteur.
Ainsi, chaque mot prononcé par les paroliers que j’écoute m’inculque de la sagesse ; chaque texte lu m’imprime une inspiration ; et chaque mot que j’écris me permet de m’appuyer sur la réalité pour exprimer implicitement ce qui devrait être.
Donc, mes œuvres littéraires sont le produit de l’écoute des paroliers, de la lecture et de ma passion de l’écriture. Cela veut dire que chez moi, l’oralité, la lecture et l’écriture se nourrissent et cuisinent des ouvrages destinés, en priorité, aux jeunes pour inculquer la sagesse pour les préparer à la vie, mais sans oublier les autres âges.
Pour en savoir plus sur Sory Dansoko

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire