Historique de l'AALJ

l'AALJ a été fondée en 2007 par de  futurs auteurs (ils n'étaient pas encore édités) à l'issue d'un atelier d'écriture e...

21 juin 2024

Boubacar 1er Diallo nous a quittés

 


Une nouvelle page noire pour la littérature de jeunesse guinéenne. Boubacar Diallo nous a quittés. Que la terre lui soit légère! Nous perdons un auteur talentueux.  Les témoignages de ceux qui l'ont connus étaient nombreux.  Le dernier vient de la BCD du Lycée français Albert Camus dont la documentaliste avait organisé des rencontres avec Boubacar sur le livre Fodé le petit coxeur. Leur travail s'est conclu sur une suite de l'histoire. Elle avait le grand regret de n'avoir pu lui montrer le livre terminé. Il en aurait été tellement heureux.

Laissons ses deux amis, souvent complices au cours des formations organisées pour les auteurs, évoquer sa mémoire :

A.Pellel Diallo s'exprime depuis La Mecque : C'est avec une profonde tristesse que j'apprends le décès de M. Boubacar 1er Diallo. Il fut d'abord un collaborateur aux lycées Nasser et Wouro de Labé avant qu'on ne se retrouve au tour du livre de jeunesse à Conakry. En plus d'être un excellent écrivain, Boubacar 1er est d'abord un excellent pédagogue et fut l'un des meilleurs professeurs des E.N.I. Il fut tellement brillant que 2 de ses œuvres furent attribuées par les critiques à un de ses homonymes qui était professeur de littérature à Gamal; il s'agit de "L'oracle de Farinya" et "Le buveur de pluies". Merci Boubacar de nous avoir gratifiés de cette belle collection chez Gandal grâce à laquelle ton sourire et ta timidité vont nous accompagner. Il y a quelques semaines tu m'évoquais ton frangin disparu prématurément et voilà tu le rejoins. Repose en paix mon ami et frère.


Saliou Bah s'exprime ainsi : Boubacar 1er Diallo était d’une grande modestie. On disait qu’il fut excellent élève à l’école. Nous avions pensé que c’est pourquoi il avait ce 1er accolé à son nom. Non, non, avait-il expliqué, c’était juste parce qu’il n’était pas le seul Boubacar de la classe. Mais cela va sans dire qu’il fut brillant.
Je ne me rappelle pas de notre première rencontre. C’était en tant qu’écrivain que je l’ai connu. Ce qui était normal pour un mordu d’écriture. Dans ce léger brouillard des souvenirs, il m’en revient un : une matinée où lui et moi avions rencontré de jeunes lecteurs de la bibliothèque franco guinéenne. Nous avions répondu à des questions, les questions habituelles sur l’inspiration, la hantise de la page blanche, etc… A l’époque, il avait déjà à son actif l’exquis recueil de nouvelles ‘la source enchantée’, pendant que moi, bibliothécaire, je contribuais dans le journal de l’Alliance franco guinéenne ‘Panorama’. Après la séance des questions-réponses nous avions écrit pendant une demi-heure sur un thème proposé par le directeur pour ensuite lire à l’assistance nos textes. Histoire de montrer au public que pour écrire, dès qu’on pense avoir quelque chose à dire, il faut toujours, avec une feuille et un Bic, commencer par ‘se mettre à table’. C’était un 23 avril, à l’occasion de la journée mondiale du livre. Cette journée que l’harmattan-Guinée a réussi à transformer en 72h du livre et en faire le grand évènement du livre que nous connaissons.
Plus tard, j’eus la chance d’être l’un des premiers à lire le manuscrit "L’oracle de Faringhia". Boubacar me l’avait remis pour appréciation. C’était bien avant nos résidences d’écriture de Kendoumaya. Hélas ! Le voilà qui vient de rejoindre trois autres compagnons de Kendoumaya que Dieu a déjà repris : Gonga Georges Mamy, Abdoulaye Keita et Moussa Kourouma. Ils avaient tous participé à la création de l’AALJ. Qu’ils reposent tous en paix !
A Kendoumaya, il y avait Boubacar au sommet de son art. Il y avait écrit sur les petits métiers : la vie de Sira, de Binta, d’Alpha et de Fodé dans des histoires si justes, si touchantes, si savoureuses et lancé d’autres projets. En fiction il avait son univers qu’il avait construit avec du quotidien et une touche de fantastique. Et il savait si bien le faire ! Pour cela il adorait saupoudrer le quotidien de ses ingrédients empruntés aux superstitions, aux légendes, aux on-dit, pour fabriquer des histoires extraordinaires. Scruter le quotidien était chez lui une marque de fabrique. On était toujours dans un univers tellement familier que même quand on traversait le miroir, on ne se sentait point perdu…
Et les histoires, il en trouvait facilement, si facilement. Il était à tout moment dans un projet. Lorsqu’il venait à bout d’un, alors le lire était, et c’est toujours, un régal ! Il aura vécu pour inventer et fabriquer des histoires pour que la lecture prospère.
Une grande perte pour la littérature de jeunesse de Guinée.
BahDiallo (comme il aimait m’appeler) te dit : repose en paix ! L’AALJ te dit : repose en paix.
Saliou Bah

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