Historique de l'AALJ

l'AALJ a été fondée en 2007 par de  futurs auteurs (ils n'étaient pas encore édités) à l'issue d'un atelier d'écriture e...

06 juillet 2023

ÉCRIRE ET FAIRE LIRE ! par Ibrahima Sorel Sidibé

convertir à la lecture des lycéens,
 un sacré défi!
Ibrahima Sorel SIDIBE écrit des romans et enseigne dans des établissements publics aux effectifs "pléthoriques". Il n'a pas moins de 60 à 70 élèves dans ses classes de Lycée. Son défi est de faire aimer la lecture à ses élèves. 
Pour moi, en tant qu’écrivain, l’idéal n’est pas seulement d’écrire des romans, des essais ou de la poésie. Je n’écris pas pour des raisons pécuniaires, ni par narcissisme, mais pour permettre à mes lecteurs d’apprendre et comprendre certains problèmes de la société les concernant.

En Guinée le véritable problème auquel nous sommes confrontés en tant qu’auteurs, c’est d’être lus. Les élèves considèrent que le livre est trop cher. Mais il y a d’autres obstacles à la lecture comme l’absence de bibliothèques dignes de ce nom. On constate aussi le manque d’intérêt des enfants pour le livre parce que les parents n’habituent pas leurs enfants à la lecture en leur en offrant. Il y a enfin l’obstacle de la langue, rares sont les élèves qui ont une maîtrise totale de la langue française (apprise et parlée essentiellement à l’école).

Étant enseignant, mon objectif a toujours été de promouvoir la lecture à travers les œuvres qui sont au programme malgré l’environnement défavorable dans lequel nous évoluons. La lecture reste un moyen complet de former des ressources humaines fiables pouvant participer au développement d’une nation. Voilà pourquoi je m’engage dans ce noble combat.

Chaque année, de la onzième à la terminale, le nombre d’élèves que je pousse vers le livre et la lecture dépasse les 70 élèves par classe. Chose qui n’est pas facile, avec des élèves qui trouvent toujours sorcier de lire l’intégralité d’un livre qui comporte plus de 100 pages. Grâce à ma ténacité, parmi ces 70 élèves je réussis à en amener quelques-uns à faire du livre leur véritable compagnon.

Voilà ma méthode. Dès la rentrée des classes, je constitue des groupes d’exposés de 7 à 10 personnes, correspondant en priorité aux œuvres du programme, (mais les élèves peuvent choisir un autre roman) et je leur demande, ou plutôt, j’exige que tout le monde ait son propre livre, ensuite, je donne un délai de 6 à 7 mois pour la restitution du livre que je leur ai confié. (Pour ceux qui peinent à acheter le livre, je mets parfois la main à la poche pour les aider à avoir le bouquin)

Les élèves me font part de leurs inquiétudes, surtout ceux qui viennent tout fraîchement du
collège. Je leur enseigne la démarche à suivre pour étudier intégralement une œuvre (
La biographie de l’auteur- la bibliographie, l’idée générale, l’étude des personnages, la structure spatiotemporelle, la structure de l’œuvre ou l’étude détaillée, le genre et la conclusion ou le résumé). Mais avant de les soumettre à cet exercice je leur donne un exemple pour qu’ils comprennent.

Et, pour que le travail s’exécute correctement, je me sers de leurs points faibles : les notes. Je joue à l’exigeant et conditionne l’octroi des notes à la bonne exécution du travail. « Tu lis l’intégralité du livre, tu as la note ; tu ne le lis pas, tu as zéro ». Certains élèves consciencieux, viennent me trouver en me disant : « M. à cause de votre exposé, nous ne dormons même pas bien. Nous avons peur de mal faire le travail. » Je leur réponds : « Pas de raison d’avoir peur. Suivez la démarche, et vous vous en sortirez. C’est simple ! » Et finalement, 90% s’en sortent.

Le retour peut être gratifiant : « Vous êtes le professeur qui a réussi à m’inspirer et à me donner confiance, mais aussi qui a réussi à me donner l’envie d’apprendre et à me montrer les clefs du succès. »

(Ibrahima Sorel Sidibé)

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